BENARES:
CITY OF LIFE

Dans la brume matinale, une cité sur les berges du Gange se réveille d’un sommeil léger. Septième ville sacrée d’Inde, Bénarès, ou de son nom actuel, Varanasi, est un somptueux mélange de spiritualité et d’histoire. Chaque pan de mur rappelle les milliers de récits qui pavent la ville. On dit que Bénarès est la plus vieille cité du monde, et j’y crois.

Une véritable fourmilière à ciel ouvert : aucune rue ne fait plus de trois mètres de large. Toutes sont encombrées de scooters, de voitures ou d’autres véhicules difficilement identifiables.

Ce qui frappe lorsqu’on arrive à Bénarès, c’est la place qu’occupe le fleuve sacré, mais aussi l’omniprésence de la mort. En effet, les textes spirituels hindous prescrivent à tous les adeptes de se rendre dans cette ville au moins deux fois dans leur vie.

La première fois, pour se purifier dans le Gange en descendant l’un de ces fameux Ghats, ces marches millénaires sacrées qui plongent vers les berges. La purification suit un rituel bien précis : sept immersions sont nécessaires.

Ces immersions effaceraient non seulement les péchés de la vie actuelle, mais aussi ceux des six vies antérieures, une manière symbolique de signifier que la purification est profonde et totale.

Le chiffre sept revient souvent dans les rites funéraires ou pèlerinages comme Pitru Paksha ou Shraddha ; il est considéré comme sacré, en lien avec les cycles de réincarnation.

Rituels, Bénarès,
Juillet 2024

Réveil, Bénarès,
Juillet 2024

Bain sacré, Bénarès,
Juillet 2024

Bain matinal à Chet Singh Ghat, Bénarès,
Juillet 2024

Le Gange, Bénarès,
Juillet 2024

La seconde fois, c’est en fin de vie. Bénarès est réputée pour accueillir un grand nombre, sinon la majorité, des hindous dans leurs derniers jours. L’ultime reconnaissance est d’être incinéré sur le Ghat de Manikarnika, au nord de la ville.

Il existe en tout 84 Ghats, tous dotés d’une fonction bien précise, et Manikarnika est le plus réputé pour offrir la libération de l’âme. On raconte que le feu sacré y brûle depuis plus de 2 000 ans dans une petite chapelle qui surplombe les foyers. Sur ce Ghat, les familles portent les corps des défunts jusqu’aux flammes.

Les femmes y sont interdites depuis les années 1990, car la légende raconte qu’elles se jetaient autrefois dans le feu avec leurs fils, maris ou parents. En revanche, hommes et femmes y sont incinérés sans distinction.

École de Sanscrit, Bénarès,
Juillet 2024

Manikarnika, Bénarès,
Juillet 2024

Manikarnika, Bénarès,
Juillet 2024

Certaines personnes restent toutefois exclues des brasiers : les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes, les malades de la lèpre et les personnes saintes. Ces défunts sont lestés de plomb et immergés dans le Gange, en face d'autres ghats.

Ce qui impressionne aussi, ce sont les cérémonies qui célèbrent la puissance spirituelle des Ghats : les Ganga Aarti. Tous les jours, depuis des siècles, des milliers de pèlerins et d’habitants se rassemblent à 5h du matin et à 18h le soir pour célébrer le Gange en y déposant des offrandes. Une aubaine pour les marchands de rue locaux, qui articulent leur activité autour de ce juteux commerce attirant de nombreux touristes hindous.

Manikarnika, Bénarès,
Juillet 2024

Ganga Aarti, Assi Ghat, Bénarès,
Juillet 2024

Deuil, Bénarès,
Juillet 2024

À la croisée de la modernité et de la tradition, Bénarès dévoile une autre facette de l’Inde.

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